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Meeting de Sembrancher, le 22 octobre 2004

spécial Bertrand Bossel "BOSKO"
 

   

mercredi 29 septembre 2004, Sport

 


Alexia Genoud jette un oeil sur un de ses jeunes protégés. CHRISTOPHE BOSSET

Quand la boxe est un jeu
 
Boxe éducative · La Châteloise Alexia Genoud a bien aimé boxer. Elle raconte son expérience mais, maintenant, elle s'est tournée vers l'enseignement de la boxe éducative.
Georges Blanc
Pas de doute, c'est la bonne adresse. Sous le parking du Bourg, à Châtel-Saint-Denis, les bruits sourds des coups de poing dans les sacs indiquent mieux que tout panneau la salle de boxe. Ce jeudi soir, les grands ne sont pas encore là. L'heure est à la boxe éducative, une discipline nouvelle pour la Suisse mais très connue en France. Une petite dizaine de jeunes garçons et filles suivent les conseils d'Alexia Genoud (33 ans). En notre compagnie, elle a évoqué son nouveau job dans la boxe, un sport qu'elle a découvert pour maigrir et elle nous fait partager sa passion.

Devenir boxeur pour un garçon, ce n'est déjà pas banal mais pour une fille?
- A l'adolescence, j'ai pratiqué du judo et de la natation. Il y a quatre ans, je suis entrée à la salle de boxe de Châtel-Saint-Denis pour faire de la condition physique. Mon but était d'être en forme et aussi de perdre du poids. Je voulais profiter d'une salle pour ne pas être toute seule et aussi parce que les fitness, c'est cher. A côté, je faisais un peu de vélo.

A la salle, vous avez appris les gestes du boxeur?
- De fil en aiguille, j'ai appris les mouvements et à taper correctement dans le sac. J'ai fait de petits sparring gentils avec les entraîneurs. Ce fut le déclic. J'ai commencé à aimer ce jeu de la boxe.

Est-ce vraiment un jeu?
- Oui c'est un jeu. Essayer de toucher l'autre sans être touché. Il y a toujours des situations différentes et il faut trouver la parade.
Et après, vous êtes montée sur le ring?
- J'ai mis la barre toujours plus loin en améliorant ma rapidité et ma force. J'ai d'abord fait une exhibition lors du meeting de mon club. J'ai aimé cette ambiance de salle. J'ai aimé être la vedette pour un moment.

Une exhibition, c'est une chose mais un vrai combat, c'est autre chose?
- Bien sûr, mais je voulais franchir le pas pour me rendre compte ce que c'était. Mon défi était de me préparer physiquement pour tenir un combat, maîtriser le stress et la tension, réussir à faire ça, quoi. J'ai pu faire mon premier combat dans notre meeting à Palézieux et c'était plus agréable, naturellement.

Et comment ça s'est passé?
- J'ai fait quatre combats. Je les ai tous perdus (Alexia a été trois fois près de la victoire et elle aurait même mérité de gagner un combat.), mais ce n'était pas le plus important. Gagner aurait juste été un petit plus. C'était quand même plus dur que je pensais. J'ai été surprise par la force des coups. Même entre filles, ça ne se chatouille pas.

Les combats, c'est fini?
- J'ai beaucoup relâché mon entraînement pour faire mon diplôme d'infirmière. Je sens que je ne vais pas refaire de combats. ça m'embête un peu. J'aurais quand même bien aimé en gagner un. Mais ma priorité va à mes enfants. J'ai envie aussi de partager leur sport. Virginie fait de l'équitation et Kilian du motocross.

Vous avez aussi découvert la boxe éducative?
- Oui, c'était lors d'un cours de Stephan Kaeser à Macolin. Il avait invité les clubs. Je me suis dit: c'est ce que j'ai envie d'enseigner. La boxe m'avait apporté beaucoup de choses et je voulais en faire profiter les enfants.

En fait que vous a apporté la boxe?
- ça m'a apporté différentes choses mais je dirai surtout qu'elle m'a donné la confiance pour la vie de tous les jours.

Et les coups qui font mal?
- Recevoir des coups forts et en donner, ça m'a aussi permis de m'affirmer. Mais c'est vrai que je préfère le côté jeu de la boxe au côté dur.

Revenons-en à la boxe éducative?
- Au retour de Macolin, j'ai cherché des bouquins sur la boxe éducative et j'ai aussi suivi des cours.

C'est quoi alors la boxe éducative?
- C'est de la boxe sans les coups forts. Dans la boxe éducative, il faut être rapide, malin, trouver la feinte pour toucher l'autre. Donner des coups forts, ce n'est pas adapté aux enfants. A la fin de la leçon, ils peuvent tout de même se défouler en frappant dans les sacs. Et s'ils se défoulent à la salle, ils n'ont plus besoin après d'aller se bagarrer dans la rue ou dans la cour de récré.

Quelles sont les motivations des enfants qui viennent à la boxe éducative?
- Ils ont pratiquement tous un attrait pour la boxe. On comprend que les parents n'aient pas envie de voir leurs enfants se faire casser le nez. Avec la boxe éducative, il n'y a pas de danger. GB

Renseignements pratiques
Quand? Cours de boxe éducative, tous les jeudis de 17 h 30 à 18 h 30.
Où: à la salle de boxe sous le parking du Bourg à Châtel-Saint-Denis.
Pour qui? Tous les enfants, filles et garçons, de tout âge.
Par qui? Alexia Genoud aidée des entraîneurs du Boxing Club, François Gilliand, Mehdi Genoud et Jean-Louis Vaudan.



Alexia Genoud
Née le 20 août 1971
Domicile: Les Paccots/ Châtel-St-Denis
Profession: infirmière
Deux enfants: Virginie (10 ans) et Kilian (8 ans).
A débuté la boxe il y a quatre ans.
Quatre combats.
Depuis le mois de septembre, entraîneur pour la boxe éducative au Boxing Club de Châtel-Saint-Denis.

 


 

 Boxing-club Châtel-St-Denis

 
Le plaisir par les poings

Trois coups francs d’une précision chirurgicale de Conus relancent une formation Châteloise à deux doigts de sombrer en terre Gruyérienne. A la base du revers tourain, un duo Bakengela-Njama intenable.


Si le champion de Suisse Bertrand Bossel (à gauche, ici sur le ring avec le vice-président Jean-Louis Vaudan) fait la fierté du club Châtelois et de son entraîneur Mehdi Genoud, la priorité va aux boxeurs populaires

Plus de quarante membres, dont près d’une dizaine de femmes: depuis deux ans, le Boxing-club Châtel-Saint-Denis ne cesse de gagner des adeptes. «C’est peut-être le fruit du hasard, s’interroge le président François Gilliand. Mais, depuis qu’on a emménagé dans les abris du poste sanitaire de secours, à la rue du Bourg, c’est le gros boum. Les nombreux films sur la boxe, notamment ceux mettant en scène des femmes, ont aussi rendu ce sport plus populaire.»
Les exploits du triple champion de Suisse Bertrand Bossel ont contribué à l’essor du club veveysan. «Mais on ne va pas le mettre plus en valeur pour autant, explique François Gilliand. Notre priorité n’a jamais été de vouloir à tout prix des compétiteurs. Nos portes sont ouvertes à tout le monde.» Le club ne compte d’ailleurs que deux licenciés, Bertrand Bossel et Alexia Genoud (voir ci-dessous). Un état d’esprit qui attire des personnes de tous âges et de toutes classes sociales vers le noble art. «Mais il est difficile d’imaginer ce que l’avenir nous réserve, nuance le président. La boxe est un sport très exigeant. En vingt ans au Boxing-club Châtel-Saint-Denis, il y a des périodes où je me suis retrouvé tout seul. Tous les clubs connaissent à un moment cette situation.»
La majorité des membres vient à la salle deux fois par semaine avant tout pour se faire plaisir et entretenir sa condition physique, sous la conduite de son président. Au menu: Sparring, corde à sauter, sprints, boxe dans le vide, dans les sacs et autres punching-balls. «On leur apprend les bases de la discipline, comme les pas, le positionnement des mains et la manière de taper», explique Mehdi Genoud, boxeur amateur de 1992 à 1996 et entraîneur en charge des licenciés depuis deux ans. «C’est un passage obligé pour frapper dans les sacs avec davantage de facilité et surtout pour éviter les blessures.»

Attendre et voir
Une fois les rudiments acquis, chacun s’entraîne individuellement, à son rythme. «Nous, on les pousse un peu et on corrige leur technique.» Certains franchissent un palier supplémentaire et manifestent l’envie de faire du sparring. Pourtant, les futurs licenciés en puissance ne sont pour l’instant pas légion, depuis le retrait du grand espoir de la boxe veveysane Diego Breitenmooser, champion de Suisse juniors chez les poids plume en 2002.
«Techniquement, des jeunes talentueux arrivent quasiment à maturité, constate Mehdi Genoud. Mais, physiquement et psychologiquement, ils ne sont encore pas prêts à monter sur le ring. Il faudra attendre la fin de leur apprentissage et de leurs obligations militaires pour éventuellement voir des espoirs se profiler. Mais on ne forcera jamais quelqu’un à boxer à contrecœur.»

Alexia monte sur le ring

Voilà deux ans et demi, Alexia Genoud prenait pour la première fois le chemin de la salle d’entraînement du Boxing-club Châtel-Saint-Denis. «Elle est venue dans le but d’entretenir sa forme, se souvient son frère Mehdi. Mais elle s’est rapidement prise au jeu.» Récemment, elle s’est décidée à franchir un palier supplémentaire en demandant une licence amateur. Même si, à 32 ans, la Châteloise ne pourra pas exercer le noble art très longtemps, l’âge maximal pour pouvoir combattre chez les amateurs étant fixé à 35 ans.
Alexia Genoud fera ses débuts – un combat en trois rounds de deux minutes – le 19 avril à Palézieux, à l’occasion du traditionnel meeting organisé par son club. «Jusqu’à présent, je n’avais pas trop d’appréhension. Maintenant, la tension commence gentiment à monter. J’ai peur de ne pas tenir le coup physiquement et de m’écrouler.» Avec Bertrand Bossel comme sparring-partner, la Veveysane a la chance de mettre un maximum d’atouts de son côté. «Bertrand est un excellent adversaire pour moi. Il est non seulement rapide, mais aussi correct. Lorsqu’il lui arrive de donner un mauvais coup, il s’excuse immédiatement.» La Châteloise voit néanmoins un bémol à cette collaboration. «Bertrand a la même taille que moi. Or, étant donné mon poids [n.d.l.r.: 68 kg], je risque de devoir affronter des filles plus grandes que moi. Je devrai donc davantage travailler l’adversaire au corps, exercice beaucoup plus difficile.»
Victoire ou défaite? Là n’est pas le plus important pour Alexia Genoud, accessoirement caissière du club Châtelois. «En société, je suis une personne très gentille. J’ai tendance à trop prendre sur moi. La boxe représente un bon moyen de me défouler et de décharger tout le stress accumulé.» Un bien-être indispensable à trois mois de ses examens finals en vue de l’obtention d’un diplôme d’infirmière.


Une crise surmontée

L’histoire de la boxe en Veveyse commence en 1981, à l’instigation de l’athlète Châtelois Jean-Paul Monnard et de François Bossel, un ancien du Boxing-club Bulle. Les deux compères fondent le Go-club boxe Châtel, qui devient deux ans plus tard le Boxing-club Châtel-Saint-Denis. Des noms comme Bernard Pache, Christophe Werner, Albert Hertel ou John Rigolet marquent les premières années d’existence. Jusqu’en 1984, année où François Gilliand, un diplôme d’entraîneur en poche, reprend les destinées de l’entité veveysane. «A cette époque, le club était en pleine crise, se souvient le président. Le comité avait été dissous et il n’y avait plus d’argent en caisse.»
François Gilliand délie alors les cordons de sa bourse pour sauver le club et acheter du matériel. «Et, avec le soutien d’un nouveau comité, on est reparti de plus belle. Rapidement, on a pu organiser des meetings.» Sous l’ancien bâtiment communal, à côté de la crémerie de Châtel, le Veveysan voit éclore des boxeurs comme Reynald Hirschi, Eric Voland, les fidèles Alain Pasche et Jean-Louis «Ptiloup» Vaudan ou encore Mehdi Genoud. «Depuis ses débuts, le club a connu une vingtaine de licenciés, précise François Gilliand. Ce nombre n’est pas considérable, mais, proportionnellement, il est similaire à celui des autres clubs.»
En 2001, le Boxing-club Châtel-Saint-Denis s’installe dans les abris du poste sanitaire de secours, à la rue du Bourg. «Là, j’ai estimé que j’avais fait ma part, expose le Veveysan. Il me fallait de l’aide, car je ne pouvais plus tout assumer.» François Gilliand se tourne alors vers Mehdi Genoud – ce dernier avait mis un terme à sa carrière de boxeur en 1996, mais s’entraînait à nouveau depuis quelque temps au Boxing-club. «Depuis, je m’occupe des débutants, alors que Mehdi assure le suivi des compétiteurs. Et ça marche! Il nous suffit d’un regard pour qu’on se comprenne.»


 

Alain Sansonnens
3 avril 2003

 

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