Tous les résultats de la boxe en Suisse
FEDERATION SUISSE DE BOXE    "SwissBoxing"

2003 2004 2005 2006 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
 

 

 

notre meeting du 23 avril 2011

 

Photos d'Alexandre Chatton

 

Annonces Radio

LFM Lausanne FM de Olivier Delapierre

http://www.lfm.ch/portail/index.php     Podcast -- Sport -- 21.04.2011 -- 25.04.2011

 

Articles du meeting de Châtel-St-Denis

  Par Karine Allemann 23.04.2011

   Par Valentin Castella 26.04.2011

 

 

Boxe

Ils veulent boxer,
il en fait des êtres de valeur

 

Ça va bientôt faire trente ans que François Gilliand entraîne et préside le club de Châtel-Saint-Denis. Le noble art, une question de confiance.
 

 

François Gilliand: «Le gars qui arrive à la salle a des valeurs en lui qu’il ne connaît pas. Avec la boxe, il apprend à les connaître, il les construit.» Jessica Genoud

François Gilliand a la boxe dans la peau. Et ce n’est pas une formule en l’air. A 30 ans, il s’est fait tatouer un gant de boxe rouge sur le cœur. «Je trouvais que ce symbole me représentait bien. Parce que la boxe est ancrée en moi. Et puis, elle m’a tellement apporté…» Sans doute. Mais le président-entraîneur du BC Châtel-Saint-Denis a surtout beaucoup apporté à ses boxeurs. A 44 ans, et après presque trente ans d’activité, il en parle encore avec les yeux qui brillent.

Alors qu’il organise ce soir le traditionnel meeting du club à Palézieux, François Gilliand évoque son parcours dans ce qu’il est juste d’appeler le noble art. «Un soir, je discutais sur ma CB avec un copain, quand il m’a dit “je te laisse, je vais à la salle de boxe”. J’habitais Maracon, mais je l’ai rejoint à Châtel. C’était en 1983. J’avais 16 ans, je n’ai plus jamais quitté le club.» Pourquoi s’éprendre à ce point de ce sport? «La pénibilité, le fait qu’on est livré à soi-même. C’est tellement contraignant qu’on n’a pas le droit à l’erreur. Il y a des choix à faire et moi, ça m’a mis sur les bons rails.»

Tout s’arrête à 18 ans

Mais sa carrière de boxeur a tourné court. «On ne peut même pas parler de carrière… Après deux combats gagnés, je préparais les championnats de Suisse à Macolin quand mon dos a lâché. J’avais une malformation de naissance et les médecins ont dit que je devais arrêter. C’est une énorme déception. Encore aujourd’hui, à chaque fois qu’on monte le ring, j’ai envie de boxer.» François Gilliand est alors devenu entraîneur. C’était ça ou rien. «Pour passer le diplôme, il fallait avoir 20 ans. J’en avais 18. Des gens étaient contre moi, mais je l’ai eu. Je suis donc devenu le plus jeune entraîneur du monde! J’ai repris le club alors qu’il n’y avait plus rien. Certains soirs, je me retrouvais seul dans la salle d’entraînement. Pour continuer, il fallait en vouloir.»

Et François Gilliand en voulait. Aujourd’hui, le BC Châtel-Saint-Denis compte une trentaine de membres, dont quatre licenciés, et quatre entraîneurs de plus (Mehdi Genoud, Bertrand Fellay, Jean-Louis Vaudan, dit «P’tit loup», et Christian Schmid). «Chez nous, tout le monde est le bienvenu. Le meilleur exemple est cette  femme de 45 ans qui m’a dit un jour combien elle avait apprécié que personne, dans la salle, ne la regarde de travers alors qu’elle pouvait être la maman des autres boxeurs. Et puis, ce qu’il y a de bien, avec la boxe, c’est qu’un gars timide est vite remis en valeur. Et un gars gonflé est tout de suite remis en place. Tu ne peux pas tricher. Sur le ring, c’est ta vie qui ressort.»

Maître professionnel pour apprentis gérants d’exploitation, le Châtelois sait ce qu’accompagner veut dire. «Le gars qui arrive à la salle pour la première fois a des valeurs en lui qu’il ne connaît pas. Avec la boxe, il apprend à les connaître, parce qu’il les construit.»

La confiance, primordiale

Quand un athlète monte sur un ring, c’est son intégrité physique qu’il met en jeu. La confiance en son homme de coin, celui qui le guidera et qui interrompra le combat si nécessaire, est dès lors primordiale. «C’est comme quelqu’un qui fait de la varappe. S’il n’a pas confiance en celui qui tient la corde, il ne peut pas bien grimper. L’entraîneur ne se concentre pas seulement sur les gestes de boxe. Il regarde l’homme à l’intérieur du boxeur. Ça commence dans le vestiaire. Il connaît tellement bien son gars qu’un regard, un geste, suffit pour savoir si ça va ou pas. Moi, j’ai toujours pensé au bien du boxeur. Il n’y a jamais eu d’aspect financier en jeu. Dès que tu tombes là-dedans, tout est cassé.»

«Vingt ans d’amour, c’est l’amour fol», chantait Jacques Brel. Alors, bien sûr, il y eut des orages. Mille fois le président aurait pu prendre son bagage, certains boxeurs ont pris leur envol. «Avoir toutes les responsabilités sur les épaules est pesant. J’ai aussi eu des passages de vie difficile. Mais, la boxe, je ne l’ai jamais laissée tomber. Aujourd’hui, je ne me sens plus indispensable. Et je suis fier que deux de mes anciens boxeurs aient obtenu leur diplôme. Alors, peut-être que je vais penser un peu plus à moi.»

«Il a besoin de moi»

A peine l’idée d’une retraite est envisagée que, tout de suite, le Châtelois se reprend: «Nous sommes cinq entraîneurs, mais Michaël (Céléschi), c’est mon boxeur. Je sais qu’il a besoin de moi à ses côtés. Et il a du talent. Pour lui, je n’ai pas le droit d’arrêter. Et puis, si j’ai toujours autant de plaisir, pourquoi ne pas refaire trente ans de plus?» C’est vrai, après tout pourquoi pas.

 

«Carouge s’est moqué de Bertrand»

C’est parce que François Gilliand aime très sincèrement ses boxeurs qu’il a souffert avec Bertrand Bossel, dont la carrière a pris un mauvais tournant quand l’ancien pro a quitté Châtel pour Carouge. «Il y avait eu ce combat en Bulgarie, Bertrand était au sommet. C’était exceptionnel. Quand on est entrés dans la salle, trois mille personnes nous ont hués. Et trois mille personnes nous ont applaudis après la victoire de Bertrand. Il a réussi LE grand match de sa carrière. Reste que, pour moi, il ne pouvait pas continuer comme ça. Il devait réduire son temps de travail.»

Mais Bossel répond à d’autres sirènes. «Les gars de Carouge lui ont fait briller les yeux. Ils lui ont dit que tout ce qu’on avait fait, à Châtel, c’était de la merde. En fait, ils l’ont utilisé. Bertrand était médiatique, il avait l’avantage d’être suisse. Quand ils sont allés combattre Thomas, en France, ce n’était pas pour Bertrand, mais pour passer à la télé. C’était horrible. Après le match, même Thomas a dit en interview qu’il avait choisi Bossel parce qu’il savait que le gars tiendrait les douze rounds et qu’il ne donnerait pas de coups. Thomas a dit qu’il avait dû gérer ses propres coups pour que Bertrand reste debout. C’était n’importe quoi… Ça m’a fait mal. Je suis allé parler avec la famille de Bertrand pour le mettre en garde. Parce que, même en salle, à Carouge, ils se moquaient de lui, ils l’utilisaient comme sac d’entraînement. Au final, ils l’ont complètement usé.»

Si l’ancien entraîneur aurait pu prendre ombrage de cette séparation, il n’en garde aucune rancune. «Je ne lui reproche absolument rien! Il a eu la naïveté du sportif, c’est tout. Bertrand sait que notre salle lui est ouverte. Il a beaucoup reçu, maintenant, il pourrait beaucoup apporter aux jeunes. Et puis, je suis persuadé qu’il ferait un excellent arbitre. Je l’ai invité au meeting de samedi, j’espère qu’il viendra.»

Samedi dès 19 h 30, meeting de boxe à la salle polyvalente de Palézieux-Village.

 

Du tac au tac
 

La dernière fois que vous avez eu envie de mettre un pain?

Il y a une semaine, à un type qui nous met systématiquement des bâtons dans les roues pour l’utilisation de notre salle d’entraînement.

 

La dernière chose qui vous a mis k.-o.?

Ma formation pédagogique que je suis obligé de passer.

 

Votre dernière défaite?

Etre éloigné de mes filles.

 

Votre dernière victoire?

Etre bien reparti dans la vie.

 

Un combat?

Celui de Mehdi (Genoud) contre un ancien champion de kick-boxing. Le gars avait sauté par-dessus les quatre cordes pour monter sur le ring! Le combat a été arrêté par l’arbitre parce que Mehdi s’était ouvert l’arcade. Dommage, parce que sinon on lui aurait cassé la gueule.

 

Vous êtes plutôt Raging Bull, Rocky ou Million dollar baby?

Million dollar baby, parce qu’il m’a fait pleurer.

 

De quoi êtes-vous le roi de l’esquive?

Je n’esquive pas tellement. Moi, je rentre dedans.

 


 

 

Karine Allemann

23 avril 2011

 

 

 

 

Fermer